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Ancrage naturels, progression et protection rapide sur les crêtes et les arrêtes. (Second chapitre)

Cet article est divisé en 3 parties, afin de ne pas surcharger nos lecteurs. Voici donc la deuxième partie de ce texte technique.



Nœuds :

Pour la réalisation de points d'assurages en employant des ancrages naturels, nous utiliserons des cordelettes d'un diamètre jamais inférieur à 7 mm. Les sangles cousues offrent plus de résistance que les sangles nouées. Il est important de disposer de sangles longues et courtes. Nous pouvons faire une exception et employer des cordelettes de moindre diamètre pour attacher des rivets sans plaquette ou des pitons saillants, si c'est nécessaire. Plus le diamètre des cordelettes est important, plus grande sera leur résistance.


Avant de réaliser un point d'assurage avec n'importe quel type d'ancrage naturel, nous devons vérifier sa résistance. Nous devons vérifier que l'épaisseur de la roche, de l'arbre ou de la glace est suffisant pour l'employer comme point d'assurage. Nous essaierons de faire bouger le bloc ou l'arbre afin de vérifier sa stabilité. A d'autres moments nous devrons réaliser une étude visuelle, comme par exemple quand il s'agit de ponts rocheux et vérifier que la roche est solide. Sa solidité dépendra de la qualité et du type de roche. Le granit est plus résistant que la roche calcaire et celle-ci est plus résistante que la roche de schistes. Quel que soit le type de roche employé, avant de placer une sangle ou une cordelette, une étude visuelle est toujours nécessaire.



Nœud en tête d'alouette :

Il est intéressant mais réduit beaucoup la résistance de la sangle ou cordelette. Il étrangle bien le point d'assurage surtout lorsque celui-ci est assez lisse, mais il créé un point de friction important dans la sangle ou la cordelette. Quand l'angle est fermé et l'étranglement est parfait, la résistance du nœud se réduit considérablement, comme nous pouvons l'apprécier sur la photo 1 (la traction est parfaite, mais nous réduisons la résistance du nœud). Cependant, si nous réduisons la traction et l'angle d'étranglement est inférieur, nous ne perdrons pas autant de résistance que dans le cas antérieur. Mais, dans ce cas là, il n'est pas attaché à l'ancrage naturel à 100%. C'est faisable, mais ce n'est pas la meilleurs option, comme on peut l'apprécier sur la photo 2 (la traction n'est pas parfaite, mais la résistance du nœud est meilleure). Nous pouvons donc employer ces nœuds en tête d'alouette dans des conditions très particulières, surtout dans la pratique de l'escalade artificielle, en employant les points d'ancrage en mode progression. Mais nous l'éviterons pour monter des réunions, où la résistance doit être de cent pour cent.



Nœud de cabestan :

C'est un nœud pratique à employer pour réaliser des points d'ancrage sur des colonnes de glaces ou de petits saillants rocheux. Sa résistance est légèrement supérieure aux nœuds en tête d'alouette mais c'est un nœud lent à confectionner. Par contre c'est un nœud indiqué pour s'accrocher aux pitons qui ne sont pas totalement installés dans la roche afin d'éviter l'effet de levier. Sur la photo 3, nous observons un nœud de cabestan installé sur une lunule ou saillant rocheux.



Nœud d'étranglement :

La résistance de ce nœud est similaire aux nœuds antérieurs. Cependant, c'est un nœud pratique pour s'accrocher à des saillants rocheux ou lunules. Il fonctionne aussi très bien pour connecter des pitons ou rivets fixés sur la parois sans plaquettes. Sur la photo 4 nous observons une lunule à laquelle a été accroché un nœud coulant.



Nœud simple :

C'est une manière sûre de s'accrocher aux arbres, bloc de rochers ou colonne de glace. Il utilise la résistance de la cordelette ou de la sangle à 100%, sauf un petit pourcentage du nœud employé pour l'union de l'anneau (nœud de pêcheur double ou de sangle). L'inconvénient c'est que nous devons employer du temps pour confectionner ce nœud. Sur la photo 5 nous observons un pont de roche accroché par une cordelette nouée en simple.



Anneau en sangle double :

C'est le système en anneau le plus recommandé car il est rapide à installer et utilise la résistance de la sangle ou la cordelette deux fois plus qu'un anneau simple, excepté le nœud d'union de la sangle si celle-ci n'est pas cousue. Comme dans le système antérieur, ce point d'assurage n'étrangle pas l'ancrage, il faut donc tenir compte de cette particularité, si nécessaire. Sur la photo 6 nous observons une anneau de sangle double accroché à un bloc encastré dans une fissure.



Dans la roche, nous pouvons employer une grande quantité d'ancrages naturels, autant comme point d'assurage et de protection comme pour initier les manœuvres de descente. Les caractéristiques du terrain nous dicteront quel type de matériel nous devrons choisir. Cela n'est pas toujours possible, et parfois il est difficile de trouver un ancrage naturel digne de protection. Dans la glace nous devrons faire attention aussi à la qualité de celui-ci et éviter les glaces molles ou pourries qui n'offrent pas la résistance suffisante. Dans la neige nous emploierons aussi celle qui offre une plus grande résistance.



Les blocs de rocher:

Les blocs rocheux offrent de très bons point d'assurages pour les réunion et comme pour la progression. Avant de placer l'anneau nous avons à vérifier que le bloc est solide et ne bouge pas. Nous devons aussi vérifier que les bords ne sont pas coupants de manière à ce qu'ils ne puissent au aucun cas sectionner la cordelette. Si les bords sont coupants, nous essaierons de contourner le problème en limant les bords ou en protégeant l'anneau avec le matériel disponible (un sac à dos, des vêtements, des arbustes, etc..). Si c'est possible, nous placerons le nœud à la base du bloc et dans la direction de traction désirée, afin d'éviter les possibles effets de levier. L'angle de l'anneau avec le point de traction ne devra jamais dépasser 60 degrés. Durant l'emploi de blocs comme point d'assurage en progression nous devrons assurer le point d'ancrage avec une sangle longue à fin d'éviter qu'un coup de corde puisse extraire l'anneau du bloc. Sur la photo 7 nous observons l'anneau bien étendu afin que l'alpiniste ne puisse pas extraire par un coup accidentel de corde. Aux réunions nous pouvons nous attacher à l'anneau et assurer le compagnon depuis le harnais, en utilisant notre corps comme un contre-poids et évitant que l'anneau puisse sortir du bloc.


Sur la photo 8 nous observons l'alpiniste attaché avec la corde à la réunion du bloc et assurant le compagnon depuis le harnais. Une autre manière d'éviter que l'anneau puisse sortir du bloc par accident est de placer un assureur inversé et de le connecter à l'anneau. Nous les connecterons fermement au moyen d'une autre sangle ou cordelette et les tendons avec un nœud de cabestan ou mariner. Sur la photo 9 nous observons un anneau sur un bloc tendu avec un assureur inversé. Pour cela nous avons employé un système d'expansion Camalot dans une petite crevasse au-dessous de l'anneau du bloc. Le friend tend l'anneau vers le bas grâce à une sangle et deux nœuds de cabestan. Un tel assureur inversé évitera que l'anneau principal puisse sortir du bloc par accident.



Lunules et cornes rocheuses:

Surs les petites lunules nous pouvons utiliser des nœuds qui étranglent la corne rocheuse et évitent ainsi que la sangle puisse sortir pas accident. Sur la photo 4 nous observons une lunule étranglée par un nœud coulant.



Ponts de roche:

Les ponts rocheux offrent un bon assurage dans la majorité des cas. Ils sont des assurages stables et résistantes autant pour le montage de réunions et les rappels que pour des points d'assurage intermédiaires. La taille des ponts rocheux et ses orifices dicteront la résistance de l'assurage. Afin d'utiliser ceux-ci comme assurage intermédiaires nous devrons disposer d'un bon assortiment de cordelettes et de sangles simples et doubles. C'est plus rapide de placer un anneau à un pont rocheux si nous le faisons avec une sangle double, puisque nous ne perdons pas de temps en confectionnant le nœud d'union. Une fois l'anneau passé autours du pont rocheux, nous placerons simplement un mousqueton ou une dégaine express pour passer la corde.


Pour les rappels et les réunions nous ne ferons jamais confiance aux sangles ou cordelettes déjà installées. Si nous devons utiliser un pont rocheux, nous placerons toujours une nouvelle cordelette ou une nouvelle sangle afin de garantir notre sécurité. Beaucoup de ponts rocheux employés pour les rappels disposent d'une grande quantité d'anneaux. Dans le doute, nous ajouterons toujours un nouvel anneau en parfait état et si c´est nécessaire, nous couperons et retirerons les cordelettes ou les sangles qui paraissent vielles ou abîmées. Sur la photo 5 nous observons un pont de roche avec une sangle en simple préparée pour le rappel.



Blocs encastrés:

Les blocs encastrés offrent aussi de bons points d'assurage, autant pour assurer la longueur comme pour monter une réunion. Il est nécessaire de vérifier le bon état et la stabilité du rocher encastré. Avec la main nous réaliserons une traction dans le sens désiré en vérifiant sa stabilité. La manière la plus simple et sûre de passer un anneau est de le faire en double, puisque c'est rapide et commode. Sur la photo 6 nous observons un bloc encastré avec un anneau en sangle double.



Arbres:

Les arbres et les grands arbustes offrent normalement de bons points d´assurage. Avant de l'utiliser comme point d'assurage nous vérifierons que l'arbre est vivant et est stable. Nous devons aussi vérifier qu'il n'y a pas trop de résine à l'endroit où nous allons placer l'anneau. Nous placerons le ruban ou la cordelette à la base de l'arbre afin d'éviter les effets de levier. Nous vérifierons que l'angle avec le point de réunion ou de traction soit toujours inférieure à 60 degrés. Dans les manœuvres de rappel nous étendrons l'anneau suffisamment comme pour que la corde se trouve au-dessous du bord de la corniche ou du mur, afin de faciliter la récupération de la corde. Sur la photo 10 nous observons un arbre avec un anneau prêt pour réaliser une manœuvre de rappel.





Colonnes de glace

Les colonnes de glace offrent aussi de bons points d'assurage si elles sont stables. Nous placerons l'anneau à la base de la colonne afin de garantir une plus grande résistance. Sur la photo 11 nous observons une colonne de glace avec un anneau à la base. Aux réunions nous pouvons renforcer la colonne avec d'autres dispositifs comme les piolets ou les broches à glace, si cela est nécessaire. De cette manière nous pouvons réaliser un triangle de forces en connectant différents points d'assurage à la réunion. Il est nécessaire de nouer l'anneau afin d'éviter un étirement dans le système de réunion si par accident l'un des points d'assurage sautait. Sur la photo 12 nous observons une colonne de glace renforcée avec un piolet et la connections des deux pour réaliser un triangle de forces.





Rimailles et corniches de neige

Il est aussi possible d'employer les bords des corniches de neige afin de générer un frottement de la corde qui nous permettra d'assurer le compagnon. C'est une manière rapide d'assurer dans les situations pas trop compliquées. Sur la photo 13 nous observons l'alpiniste qui fait contre-poids avec son corps et emplois le bord de la corniche pour créer un frottement et pouvoir ainsi assurer le compagnon plus facilement. Plus l'angle de la corde est grand au point de contact avec la neige, plus important sera le frottement, et par conséquence, le contrôle de la corde.


Si c'est nécessaire, nous pouvons utiliser plusieurs ancrages naturels pour confectionner une réunion. Nous les connecterons simplement au moyen d'un triangle de forces comme s'il s'agissait d'une réunion normale.



Textes et photos:
José Carlos Iglesias
Guide de Montagnes UIAGM


Les ancrages naturelles comme point d'assurage


photo 1

photo 2

photo 3

photo 4

photo 5

photo 6

photo 7

photo 8

photo 9

photo 10

photo 11

photo 12

photo 13

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